La femme nommée Ava souffre dans ce monde étouffé par le
silence. Les humains, là-bas, sont devenus des bêtes rompus au travail. Dans le
cœur d’Ava, enfermé dans son corps de pierre bouillonne une tempête. L’orage
gronde. Elle imagine un ailleurs possible dans un autre univers. Un monde lavé de l’envie de la rancune de
l’ignorance et de la peur qui pèsent ici, comme une chape de plomb sur les
hommes.
De la souffrance d’Ava nait la source de leur révolte. La
brume sur la mer se lève et les ruisseaux de l’indignation parcourent les
campagnes. La colère d’Ava déborde en larmes amères, messagères de
l’insurrection. L’eau vint abreuver les corps asséchés des hommes et des
femmes, hydratant leurs esprits d’une vie nouvelle.
Le monde implose dans une multitude de nouvelles sensations
alors que le ruisseau se transforme en un torrent impétueux dévalant la
montagne. La souffrance cède place à la passion dans un furieux souffle de vie.
Le désordre se déchaine enfin.
Les âmes insurgées plongent alors en nombre dans le fleuve
de la colère primordiale. Elles sont purifiées par l’eau sacrée de la révolte,
la peur les déserte remplacée par leur fierté d’êtres humains conscients de
leur liberté.
Et enfin dans un cri libérateur ils lâchent leur colère sur
le monde. Le déluge s’abat sur terre, comme aux premières époques. Les humains,
dans une impulsion unique, crachent leur humiliation et leur colère sur une
terre corrompue. Tels d’énormes soupirs remontant d’un puits profond les vagues
du tsunami détruisent le monde au rythme
de l’insondable respiration d’un monstre caché.
Enfin les dernières vagues s’éteignent dans un murmure sur
les rivages de la terre nue devenue silencieuse. La grande ablution mondiale
est terminée, le monde n’est plus qu’un désert minéral où tout est à
reconstruire. Ava et ses compagnons
épuisés, ferment les yeux et s’allongent un instant sur la terre, attendant
leur heure.
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