Enfin, après avoir imprimé mes images séparément je les ai remonté sur l'ordinateur, et ai incorporé le texte. Voici donc mes images finales, à lire dans les deux sens. L'histoire d'Ava et le déluge en bleu, l'histoire de Dama et le jardin, en rouge.
vendredi 13 décembre 2013
jeudi 28 novembre 2013
AVA
La femme nommée Ava souffre dans ce monde étouffé par le
silence. Les humains, là-bas, sont devenus des bêtes rompus au travail. Dans le
cœur d’Ava, enfermé dans son corps de pierre bouillonne une tempête. L’orage
gronde. Elle imagine un ailleurs possible dans un autre univers. Un monde lavé de l’envie de la rancune de
l’ignorance et de la peur qui pèsent ici, comme une chape de plomb sur les
hommes.
De la souffrance d’Ava nait la source de leur révolte. La
brume sur la mer se lève et les ruisseaux de l’indignation parcourent les
campagnes. La colère d’Ava déborde en larmes amères, messagères de
l’insurrection. L’eau vint abreuver les corps asséchés des hommes et des
femmes, hydratant leurs esprits d’une vie nouvelle.
Le monde implose dans une multitude de nouvelles sensations
alors que le ruisseau se transforme en un torrent impétueux dévalant la
montagne. La souffrance cède place à la passion dans un furieux souffle de vie.
Le désordre se déchaine enfin.
Les âmes insurgées plongent alors en nombre dans le fleuve
de la colère primordiale. Elles sont purifiées par l’eau sacrée de la révolte,
la peur les déserte remplacée par leur fierté d’êtres humains conscients de
leur liberté.
Et enfin dans un cri libérateur ils lâchent leur colère sur
le monde. Le déluge s’abat sur terre, comme aux premières époques. Les humains,
dans une impulsion unique, crachent leur humiliation et leur colère sur une
terre corrompue. Tels d’énormes soupirs remontant d’un puits profond les vagues
du tsunami détruisent le monde au rythme
de l’insondable respiration d’un monstre caché.
Enfin les dernières vagues s’éteignent dans un murmure sur
les rivages de la terre nue devenue silencieuse. La grande ablution mondiale
est terminée, le monde n’est plus qu’un désert minéral où tout est à
reconstruire. Ava et ses compagnons
épuisés, ferment les yeux et s’allongent un instant sur la terre, attendant
leur heure.
mardi 26 novembre 2013
DAMA
Sur la terre rendue vierge et fertile, l’homme nommé Dama
est serein. Les mains posées sur l’argile douce du monde, il entonne une délicate
mélopée qui résonne sur les pierres alentours, avant de s’égarer dans le
paysage minéral. Quelque chose frémit au plus profond de la terre. Une mélodie étouffée
se fraie un chemin jusqu’à la surface. Une symphonie s’élève de la terre et l’englobe
d’une chorale fabuleuse. Enfin, la première compagne crève la lisière du sol et
se lève dans le désert. C’est Ava. Elle rejoint Dama, lui prend la main,
s’assied à ses côtés et chante la paysage avec lui. Autour d’eux leurs compagnons
éclosent dans un hymne léger et joyeux. Mais c’est sur l’air d’une douce
ballade qu’ils viennent, femmes et hommes, s’asseoir en cercle autour de Dama. Lorsque
la dernière note se dissout dans l’atmosphère, ils sont tous là main dans la
main, prêt à cultiver un nouveau monde.
Par l’union de l’eau
douce, de la terre et de la lumière, la première graine germe, protégée des
bêtes sauvages par le premier des enclos. Les petites pousses s’éveillent dans
une ritournelle joyeuse que les hommes et les femmes entonnent en chœur.
Dama s’en remet alors aux sages conseils des astres de la
nuit et du cosmos agissant sur la terre, la mer, les hommes et les plantes. Le
potager s’épanouit alors de cette union sous le regard blanc de la lune. Les
humains patientent pendant que l’alchimie silencieuse du sol, de l’eau, de
l’air, des ténèbres et de la lumière opère.
Ainsi nait l’ordonnance, la cadence, l’alignement, et la
perspective dans le premier des potagers. Les hommes inventent un monde où
chaque fruit cueilli, chaque légume ramassé revient à la communauté, un monde
où chaque plante est soignée avec respect jusqu’à maturité, un monde où les
hommes prennent le temps d’attendre.
Alors que le jardin s’épanouit,
les êtres humains prospèrent. Dama est fier. Les humains forment un seul
et même être au service du jardin.
Mais en ne voulant ne faire qu’un, les hommes ont oublié
leurs existences propres. La masse digère chaque personnalité dans son
infernale matrice. Le malaise germe dans les esprits. Les caractères se
réveillent. Certains hommes veulent posséder, contrôler, réguler le jardin. La gangrène
de l’envie et de la jalousie s’insinue dans la communauté. La brutalité
apparait. L’équilibre est rompu. Le
chaos s’installe.
La peur domine le monde. Enfermé à l’intérieur d’eux-mêmes,
les humains sont aveugles. Le jardin n’est plus un jardin. L’être humain n’est
devenu qu’un engrais fertile propice à l’épanouissement d’une société absurde.
Les récalcitrants finiront broyé dans l’obscurité des grottes d’où ils ne
pourront plus nuire au bon fonctionnement du monde. Les autres se taisent.
jeudi 21 novembre 2013
Gravure
La gravure sur bois s'est rapidement imposée à moi comme médium principal de mon projet. J'aime le rapport à la matière brute et le côté physique du travail de gravure. Avec un sujet sur la révolte je trouve intéressant d'utiliser un médium qui demande la force et de l'investissement physique.
Pour terminer un de mes premiers tests de gravure avec superpositions de couleurs.
les loubkis, imagerie populaire russe |
Anu Nirrko |
Sophie Lécuyer |
Matisse |
Isabelle Vandenabeele |
Mathieu Z |
Pour terminer un de mes premiers tests de gravure avec superpositions de couleurs.
jeudi 14 novembre 2013
L'histoire, un éternel recommencement
Dans mon projet je traite l'idée de cycle, l'histoire que je raconte n'a pas de fin, à l'image de l'histoire des hommes. La nouvelle "L'éternel Adam" de Jules Verne illustre parfaitement mon propos dont vous trouverez le texte intégral ici . Verne émet l'hypothèse que chaque civilisation humaine pourrait être
construite sur les ruines de civilisations antérieures détruites par un
cataclysme planétaire, comme l'Atlantide. Les couples de survivants seraient alors les nouveaux Adam et Eve des nouvelles religions.
"Admettre l'existence d'une civilisation antérieure serait nier l'avenir, proclamer que notre effort est vain et que tout progrès est aussi précaire et peu assuré qu'une bille d'écume à la surface des flots" Jules Verne
Le court métrage de Chris Marker "la Jetée" montre également cette idée de cycle dans la vie d'un homme.
Je m’intéresse également au rêve d'utopie qui animent les hommes (à travers la notion du jardin, expliqué dans les articles précédents). La majorité des régime totalitaires s'appuient sur une idéologie utopique, c'est pour cela que son fondateur, Thomas More, imaginait l'utopie dans un ailleurs non influencé par la société. L'utopie appliqué au états devient une dystopie comme montre les livres 1984 de Georges Orwell où Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. C'est ce que l'ont peut voir dans l'histoire avec le communisme russe,ce qui s'est passé au Cambodge avec les Khmer rouge où la révolution culturelle chinoise.
La vie privée disparait, la liberté de penser de l'individu est détruite au profit de la communauté. L'individu disparait dans les masses. L'homme conscient de son humanité n'a alors que le choix de la fuite, sinon il se fait broyer par le système. Le film THX 1138 de George Lucas illustre ce phénomène de l'homme unidimensionnel.
En référence à notre héritage judéo-chrétien, la femme, dans ces histoires, tel Eve qui croque la pomme, est toujours l'élément déclencheur de la révolte.
C'est pourquoi, dans l'histoire que je vais raconter, le jardin utopique fondé par l'homme Dama va peu à peu grandir et se transformer en système ôtant tout libre arbitre aux individus, au profit du bien collectif. La femme Ava, sera l'élément d'une prise de conscience et deviendra l'élément déclencheur de la révolte faisant table rase du système.
"Admettre l'existence d'une civilisation antérieure serait nier l'avenir, proclamer que notre effort est vain et que tout progrès est aussi précaire et peu assuré qu'une bille d'écume à la surface des flots" Jules Verne
Le court métrage de Chris Marker "la Jetée" montre également cette idée de cycle dans la vie d'un homme.
Je m’intéresse également au rêve d'utopie qui animent les hommes (à travers la notion du jardin, expliqué dans les articles précédents). La majorité des régime totalitaires s'appuient sur une idéologie utopique, c'est pour cela que son fondateur, Thomas More, imaginait l'utopie dans un ailleurs non influencé par la société. L'utopie appliqué au états devient une dystopie comme montre les livres 1984 de Georges Orwell où Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. C'est ce que l'ont peut voir dans l'histoire avec le communisme russe,ce qui s'est passé au Cambodge avec les Khmer rouge où la révolution culturelle chinoise.
La vie privée disparait, la liberté de penser de l'individu est détruite au profit de la communauté. L'individu disparait dans les masses. L'homme conscient de son humanité n'a alors que le choix de la fuite, sinon il se fait broyer par le système. Le film THX 1138 de George Lucas illustre ce phénomène de l'homme unidimensionnel.
En référence à notre héritage judéo-chrétien, la femme, dans ces histoires, tel Eve qui croque la pomme, est toujours l'élément déclencheur de la révolte.
C'est pourquoi, dans l'histoire que je vais raconter, le jardin utopique fondé par l'homme Dama va peu à peu grandir et se transformer en système ôtant tout libre arbitre aux individus, au profit du bien collectif. La femme Ava, sera l'élément d'une prise de conscience et deviendra l'élément déclencheur de la révolte faisant table rase du système.
mercredi 13 novembre 2013
Dualité
Afin de montrer la dualité de ces sœurs jumelles, l'utopie et la révolte j'ai choisi de traiter ces deux notions en parallèle dans un même ouvrage. Le révolté rêve d'utopie, l'utopie est irréalisable, elle entraine la révolte. Murakami dans sa célèbre saga 1Q84 traite l'idée d'utopie à travers une association pacifiste de personnes rêvant d'agriculture bio et de vie en communauté qui va petit à petit se transformer en secte. Tarun Tejpal dans son roman la vallée des masque montre un système utopique imaginaire vue de l'intérieur par un membre convaincu.
Dans l'article précédent j'explique que je veux orienter mon projet vers l'idée du jardin, qui est pour moi, l'invention humaine se rapprochant le plus de l'utopie. Cependant, mon beau jardin va se désagréger sous le poids de la hiérarchie des classes et de l'oppression de la masse entrainant alors la révolte. "L'histoire des hommes est la source de leurs révoltes successives" disait Camus, l'histoire que je vais vous raconter est une histoire sans fin, un cercle vicieux avec son lot d'espoir, de peur, de passion et d'indignation.
L'idée est donc de raconter deux histoires en parallèle. Pour cela je vais m'appuyer sur le système du livre Les deux routes d'Isabel Minhos Martin et Bernardo Carvalhos édité chez Notari. Il y a deux histoires qui se chevauchent ici, chacune partant d'un coté du livre.
Pour cela j'ai fait beaucoup de recherches ainsi qu'une maquette afin de mettre au point mes images. L'ouvrage sera un leporello avec d'un côté l'histoire de la révolte symbolisé par le déluge et de l'autre l'utopie symbolisé par le jardin. La fin d'une histoire signe le début de l'autre histoire.
Dans l'article précédent j'explique que je veux orienter mon projet vers l'idée du jardin, qui est pour moi, l'invention humaine se rapprochant le plus de l'utopie. Cependant, mon beau jardin va se désagréger sous le poids de la hiérarchie des classes et de l'oppression de la masse entrainant alors la révolte. "L'histoire des hommes est la source de leurs révoltes successives" disait Camus, l'histoire que je vais vous raconter est une histoire sans fin, un cercle vicieux avec son lot d'espoir, de peur, de passion et d'indignation.
L'idée est donc de raconter deux histoires en parallèle. Pour cela je vais m'appuyer sur le système du livre Les deux routes d'Isabel Minhos Martin et Bernardo Carvalhos édité chez Notari. Il y a deux histoires qui se chevauchent ici, chacune partant d'un coté du livre.
Pour cela j'ai fait beaucoup de recherches ainsi qu'une maquette afin de mettre au point mes images. L'ouvrage sera un leporello avec d'un côté l'histoire de la révolte symbolisé par le déluge et de l'autre l'utopie symbolisé par le jardin. La fin d'une histoire signe le début de l'autre histoire.
mardi 5 novembre 2013
Le jardin
Pour moi, la sœur jumelle de la révolte est l'utopie, l'une ne peut fonctionner sans l'autre, on se révolte contre un système pour un idéal, un ailleurs fantasmé et utopique. Le système inventé par les hommes qui s'approche, pour moi, le plus de l'utopie est le jardin. Dans le Sakutai-ki, le livre des jardiniers japonais il est écrit "Le jardin est un des moyens de parvenir au grand réveil c'est à dire la connaissance de la réalité qui est au-delà du rêve"
Je ne conçois donc pas mon projet sans inclure cette idée d'utopie à travers le jardin, et pour cela je m’appuie sur le livre Une brève histoire des jardins de Gilles Clément
De même Katie Scott à ce même rapport quasi végétale au corps.
Marlène Krause dans sa bd " à un autre endroit" évoque les jardins collaboratifs qui poussent un peu partout en ce moment dans des communautés urbaines dans un idéal de partage de nourriture saine issue de la terre.
Je ne conçois donc pas mon projet sans inclure cette idée d'utopie à travers le jardin, et pour cela je m’appuie sur le livre Une brève histoire des jardins de Gilles Clément
"Le jardin dans sa complexité résume à la fois un cosmogonie et un modèle de société"
Gilles Clément
Le Jardin renvoie aussi au jardin d'Eden, paradis perdu par Adam et Eve.
"Yahvé-dieu planta un enclos en Eden à l'orient : là, il plaça l'homme qu'il avait modelé; Yahvé fit pousser du sol toutes sortes d'arbres magnifiques aux fruit excellents ainsi que l'arbre de la vie au milieu de l'enclos, et l'arbre de la science du bien et du mal"
L'homme alors, en créant de magnifiques jardins essai de retrouver ce paradis perdu, de revenir aux origines. Michel Tournier y fait allusion dans une de ses nouvelles (Abel et Caïn) du recueil Le coq de bruyère :
"Or Jéhovah n'était pas content de Caïn. Il avait chassé Adam et Eve du paradis et placé des chérubins à l'épée flamboyant aux portes du jardin. Et voilà que son petit fils, possédé par l'esprit et le souvenir de sa mère reconstituait à force de travail et d'intelligence ce qu'Adam avait perdu par sa bêtise. Jéhovah trouvait de l'insolence et de la rébellion dans cet Éden que Caïn avait fait sortir du sol ingrat du désert."
Le jardin permet à l'homme d'évoluer en harmonie avec la nature dans un respect mutuel.
"Cette attitude privilégie une position de l'homme face à l'univers où le cosmos interagit toujours avec le système vivant et place l'humanité dans le dépendance. Etre attentif au ciel c'est accepter de collaborer avec les astres, abandonner le projet d'une quelconque domination de l'homme sur la nature" Gilles Clément
Sophie Lecuyer dans son installation Hortus Conclusus permet de placer l'homme dans un jardin mental où le spectateur se perd dans la contemplation de ce monde végétal peuplé d'êtres mystérieux.
Vous trouverez ici la vidéo de présentation de l’installation.
Eléanore Davis exploite aussi beaucoup l'idée de jardin, notamment par rapport au corps.
De même Katie Scott à ce même rapport quasi végétale au corps.
Gabriela Fridriksdottir |
Fabrice Hyber "prototype de paradis" 2013 |
Marlène Krause dans sa bd " à un autre endroit" évoque les jardins collaboratifs qui poussent un peu partout en ce moment dans des communautés urbaines dans un idéal de partage de nourriture saine issue de la terre.
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